Avril 2012

 

« Comment j’ai découvert que j’avais ou souffrais de la maladie dite : syndrome de Gougerot-Sjögren »

 

Je ne peux pas préciser quand j’ai commencé à avoir les yeux secs (manque de larmes) et des picotements – symptômes de cette condition –  mais c’était il y a plusieurs années. Les gouttes ophtalmiques commercialisées, c'est-à-dire obtenues sans ordonnance, n’ont pas fait grand-chose pour me soulager. Chaque année je consulte un professeur ophtalmologue pour contrôler si j’ai un glaucome.

Finalement, en avril 2007, il a diagnostiqué que j’avais un syndrome de Sjögren et m’a suggéré de prendre contact avec l’ARSYS. Par le truchement de sa présidente, je fus invité à l’Assemblée Générale de 2008 et je suis devenu membre.

Par la suite, j’ai consulté une autre ophtalmologue qui m’a prescrit divers médicaments mais malheureusement sans effet positif jusqu’à présent. Je ne dis pas cela pour vous décourager car chaque cas est différent, individuel, même si les symptômes sont les mêmes.

Par conséquent, courage, courage et encore courage.

Venez à nos réunions.

 

David


Mars 2009

 

Bonjour à toutes les Gougerottes et tous les Gougerots,

Diagnostiquée depuis février 2006, je découvre comme vous ce qu’est un syndrome de Sjögren, par bonheur primaire en ce qui me concerne. Pour la petite histoire, j’ai commencé par aller voir une psychiatre parce que je n’allais pas bien du tout et que je ne comprenais pas pourquoi. Elle m’a donné des antidépresseurs (légers, je ne voulais pas prendre 20 kg). Puis au bout de quelques séances elle m’a demandé si je ne voulais pas aller chez mon médecin faire des analyses. Moi, je voulais bien, mais de quoi ? Dites-moi, Docteur, qu’est-ce que vous avez comme analyses en stock ? Si possible en action tant qu’à faire ? Bref, une douleur à la hanche m’a quand même fait prendre rendez-vous, persuadée que j’avais de l’arthrose ou un truc du genre. Elle m’a fait une prise de sang et envoyé faire une radio. Là, j’avais mal et pourtant rien sur la radio. Je me suis dit que c’était dans la tête et ai failli annuler mon rdv chez elle, mais comme c’était un peu tard, j’y suis allée quand même.

Mon médecin m’a dit que j’avais une sacrée inflammation et m’a pris un rdv chez une rhumatologue. Re-prise de sang et diagnostic. Donc à peine quelques mois. J’ai eu beaucoup de chance de tomber chez trois médecins compétents qui ont toutes su partir tout de suite dans les bonnes directions et qui sont allées au bout de leurs investigations. Bravo à elles ! Ce n’est pas le cas de tous. Mais ça  fait quand même bizarre de savoir qu’on a une vraie maladie, alors qu’on n’a jamais été quelqu’un de malade.

J’ai donc reçu du Plaquenil, des gouttes pour les yeux, et de l’Exipial pour la peau. Ensuite un petit tour chez mon dentiste préféré qui m’a fait un dossier en béton pour obtenir de ma caisse-maladie la prise en charge de tous les traitements, visites et nettoyage-détartrage par la Lamal. Merci à lui aussi pour cette aide précieuse. Ce à quoi vous avez tous droit à partir du moment où c’est une maladie des glandes salivaires. 

Là-dessus, j’ai fait une allergie au Plaquenil que j’ai dû stopper. Voilà, il ne me restait donc que mes petites gouttes et ma petite pommade. Point, barre ! Pour le reste, c’est comme au Moyen-Âge, on se dém… ! La médecine a ses limites et elles ne vont pas bien loin.

Ma psy m’a demandé si j’étais en colère par rapport à cette maladie (?). En colère contre qui et contre quoi ? Personne ne vient au monde avec la garantie de mourir en bonne santé ! J’ai perdu tellement de copains, même très jeunes (accident, maladie, suicide), les parrains de mes deux filles, bien trop jeunes eux aussi et qui laissent des enfants derrière eux, et moi je devrais me plaindre d’être malade ? Malade oui, mais vivante !

La plus grande de mes filles m’a conseillé une clinique homéopathique, spécialisée dans les maladies auto-immunes et dont les médecins sont reconnus par la Lamal. J’y ai donc accès pastilles qui contiennent un millionième de micron de quelque chose, dilué 10 fois dans de l’eau plate, franchement, j’y crois pas ! Autant avaler le tube en plastic, ça doit faire plus d’effet ! Bref, j’y suis allée quand même pour lui faire plaisir. Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour rassurer ses enfants ? J’ai donc reçu du Moducare qui est un immunomodulateur et des petites gélules de Rhus Toxicodendron LM6, ça j’allais pas y couper ! Et j’ai pris ça pendant au moins 4 ou 5 mois sans que je ne ressente d’effets spectaculaires. C’était bon, j’avais donné ! J’ai donc arrêté. Et alors là, la baffe ! J’ai régressé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. En fait, ça marche. A la vitesse de l’escargot au pas de charge, mais ça marche ! J’ai donc repris mon traitement et je le continue. Et je vais mieux, bien mieux. J’avais arrêté mes antidépresseurs depuis longtemps, même si j’ai dû m’y reprendre à 2 fois, mais je ne veux pas avaler des petites pastilles bleues pour voir la vie en rose. Je suis bien consciente que je peux en avoir besoin à nouveau un jour, pour passer un cap difficile, par exemple. Je préfère juste ne pas vivre toute ma vie à travers un filtre.

Le plus dur dans cette maladie, c’est la fatigue. Cette foutue fatigue ! Peut-être d’ailleurs parce que c’est vraiment  « le truc » que les gens en bonne santé ne comprennent pas. Mea Culpa, avant d’être malade je ne comprenais pas non plus les autres. Donc bien fait pour moi, comme Gabin je peux dire : « maintenant, je sais ! »

Au début tous les médecins m’ont conseillé de me reposer dès que je ressentais de la fatigue. Super ! J’ai fini par passer ma journée au lit, ou presque. Se lever le matin, ménage, repas à préparer, au lit tout l’après midi pour récupérer, se lever vers 4-5-6h, péniblement, repas du soir et s’endormir au début du film ! Génial ! La vie de famille : juste le minimum, la vie sociale : à part la caissière de la Migros, le Sahara  revisité ! et la vie de couple : pas terrible ! Bref, juste assez vivante pour devoir quand même payer des impôts.

Alors j’ai décidé de ne plus me coucher au moins un après-midi par semaine. Je partais me promener en ville, faire les magasins, n’importe quoi, juste ne pas rester à la maison parce que je ne tenais pas. Puis deux après-midi. Puis 3. Ensuite j’ai eu la possibilité de reprendre un petit boulot dans une sandwicherie où ma deuxième fille y fait un job d’étudiante. Juste un jour par semaine, puis deux. Je tournais donc comme une toupie dans les 6 m2 de la boutique, mais c’était super. Super crevant aussi, mais bon, on ne peut pas tout avoir. Là où les autres travaillent 5 jours et se reposent 2 jours, je travaillais 2 jours et il me fallait 5 jours pour récupérer. Juste hallucinant !

Et puis je me suis dit pourquoi ne pas reprendre mon métier ? Là pour bouger, on bouge ! J’ai donc téléphoné en demandant s’ils n’avaient pas un petit boulot à 50-60%. Je les ai tout de suite informés que je ne voulais pas faire plus, que ce serait trop pour moi. On m’a donc réengagée pour des remplacements. Et puis le manque de personnel aidant, je travaille régulièrement maintenant. Le problème, c’est que vu le taux d’occupation que j’effectue mon employeur devrait me faire un contrat différent, mais comme j’ai dû remplir une feuille de santé, le médecin-conseil a donné un avis plutôt défavorable par rapport à l’évolution de la maladie.

Donc, voilà, je ne sais pas encore comment ça finira. Je trouve ça dommage parce que le médecin-conseil donne cet avis sans m’avoir jamais vue, parce que ça fait une année que je travaille à environ 60% et parce que c’est justement le fait de bouger qui m’aide. Il reste que le secret, en ce qui me concerne, c’est le mouvement. Mes médecins me demandent toujours comment vont mes douleurs. Je n’ai pas de douleurs, je m’engourdis. Par contre, si je ne bouge pas, cet engourdissement peut devenir une douleur. C’est flagrant quand je téléphone par exemple. Mon bras s’engourdit assez vite et pour finir je ne sais plus comment tenir mon téléphone au point que parfois, après avoir changé 15 fois de bras, je penche la tête de côté pour que mon téléphone tienne simplement en équilibre. Mais pas longtemps sinon c’est la nuque qui s’engourdit ! Bref, c’est bon pour les factures, c’est déjà ça ! Cela dit je commence à avoir des petites douleurs (et là je peux faire la différence) dans les doigts. Je vais me mettre au tricot, c’est un entraînement comme un autre. De toute façon la maladie progressera gentiment. On ne l’empêchera pas de progresser tant que les laboratoires seront plus occupés à fabriquer du Viagra que des médicaments pour les malades. Il faut croire qu’il y a plus d’handicapés à ce niveau-là. 

Donc elle progressera ! tant pis, on fera avec.  et on peut conserver beaucoup et surtout récupérer beaucoup en… s’entraînant. Je ne parle pas de marathon, j’en serais bien incapable ! Mais sortez, marcher, achetez-vous un chien, par exemple. Ca permet de sortir tout en ayant un but parce que marchez dans le vide, ce n’est pas très motivant. Ca, c’est mon rêve ! Si j’arrête de bosser, c’est ce que je fais. Je ne sais juste pas comment il s’entendra avec mes deux chats qui ne s’entendent déjà pas. Mais bon, on verra bien.

Il existe aussi un peu partout des associations de Nordic Walking, pour tous les niveaux. On peut également prendre des cours auprès de la ligue suisse contre le rhumatisme pour un prix très modique. C’est une marche agréable et avec les bâtons, on peut passer dans des endroits difficiles et pentus sans efforts énormes. Essayez, ça vaut le coup !

La ligue contre le rhumatisme propose plein d’autres activités physiques, Aquagym par exemple, pour ceux qui aiment l’eau. Dans le doute, on peut toujours commencer par ce qu’il y a de plus doux. Puis essayer de progresser. Les associations de gym proposent des cours de maintien, qui ne sont pas des cours violents. Ca permet également de faire des rencontres sympa. En tous les cas, cherchez des activités qui vous font vraiment envie. (Non, l’apéro, ça marche pas !).

Voilà pour la petite histoire. Je me dis parfois qu’il doit y avoir un lien entre nous, qui expliquerait cette maladie ou du moins le fait que nous l’ayons nous et pas d’autres personnes. Mode de vie, alimentation, vaccins, maladie infantile que nous aurions tous eus ou justement pas eus ? Je vais penser à faire un petit questionnaire à ce sujet.

D’ici là, portez vous tous bien et gardez le moral !

Et puis comme ils disent en Gruyère :

Kan to oudrè bin è ke farè bon, no li cherin pâ mé. 

(Quand tout ira bien et qu’il fera bon, nous n’y serons plus.)

 

Isabelle

Chronique sur la vie aux côtés d’une personne malade

Septembre 2008

Introduction

Le syndrome de Sjögren, comme la plupart des maladies chroniques, est une maladie qui n’a ni début ni fin, il s’introduit doucement dans nos vies et prend de l’ampleur, jour après jour. Pourtant, il ne faut jamais le laisser prendre le contrôle, il suffit de vivre avec lui en le laissant s’exprimer de temps en temps.

Deux aspects seront traités dans cette chronique qui se base sur l’expérience d’une relation de couple avec une personne atteinte. Le premier aspect concerne l’aide que l’on peut apporter à la personne malade. Le second tentera d’expliquer comment chacun peut exister dans son individualité malgré les contraintes de la maladie. Car comme je l’ai dit plus haut, le syndrome ne doit pas prendre le contrôle et cela vaut aussi pour l’entourage.

Première partie : assistance à personne en danger

La personne malade a besoin de soins médicaux et d’une assistance au quotidien. Il s’agit de montrer ici que l’on peut grandement améliorer la vie d’une personne avec quelques attentions pas très fatigantes pour une personne en bonne santé.

Conseils pratiques

 

Les soins

D’après mon expérience, il est très important de penser spontanément à combler certains besoins de la personne malade en lui évitant de vous demander des services. Vous serez d’un grand secours pour son moral, lui permettant un peu d’oublier toute l’aide dont elle a besoin.

Vous pourrez rapidement voir quelles sont les tâches qu’elle doit effectuer souvent et essayer de trouver des solutions pour que ces tâches deviennent plus simples. Comme vous ne pourrez pas tout anticiper, rendez‐lui les services qu’elle vous demande avec plaisir et simplicité, pour qu’elle ne se sente pas comme une charge pour vous.

La fatigue

Elle est provoquée par de nombreux facteurs comme les douleurs chroniques, l’activité du système immunitaire, les tensions nerveuses dues à l’anticipation de la difficulté à supporter certains symptômes et d’autres encore. De manière générale, il faut prévenir la fatigue physique supplémentaire par des activités peu gourmandes en énergie et essayer de contrer la fatigue nerveuse en fournissant un environnement le moins stressant possible.

La fatigue est un élément difficile à gérer. Elle ne fait pas que d’empêcher la personne de faire toute l’activité physique dont elle a besoin : elle pèse aussi doublement sur le moral. En effet, elle provoque un stress latent qui peut rendre la personne irritable tout en lui faisant aussi comprendre qu’elle est moins performante qu’elle ne l’était auparavant, ce qui est une sensation pour le moins désagréable. Il est très difficile de rester calme quand vous essayez d’aider une personne et qu’elle critique cette aide ou vous parle sèchement en retour. C’est pourquoi il faut bien se rappeler que c’est aussi difficile d’admettre que l’on a besoin d’aide et que lorsqu’on est tendu à cause de la fatigue, la mauvaise humeur qui en découle est plus dure à refouler.

Deuxième partie : que chacun trouve sa place

Une maladie grave est une chose difficile à gérer pour tout le monde, et cette partie a pour intention d’aider chaque personne à avoir une attitude qui ne nuira ni à elle‐même ni à l’autre.

Rester dans la mesure

Dans une telle situation, il est facile de se laisser aller à certains comportements extrêmes : il faut donc se demander si l’on n’est pas trop dévoué pour la personne malade au point de s’oublier soi-même, ou si, au contraire, on tente de se défendre en niant la situation et les problèmes qu’elle engendre.

Aucun de ses deux comportements n’est souhaitable et tous les deux font souffrir des deux côtés :

Dans le premier cas, la personne en bonne santé s’oubliera complètement et ne pourra pas s’affirmer, ce qui ne peut que lui faire du tort, tout comme à la personne malade, qui se sentira responsable de cette situation et culpabilisera d’autant plus. Dans le second cas, la personne malade se sentira abandonnée et incomprise tandis que l’autre personne sera rongée de l’intérieur par les sentiments qu’elle essaie de se dissimuler.

La bonne attitude est donc, à mon avis, dans la mesure. Il faut bien sûr assister la personne malade mais le rôle de l’entourage n’est pas celui de l’infirmière de garde, car cela priverait l’un et l’autre de leur indépendance. Ce n’est pas une raison pour se comporter comme s’il ne se passait rien d’inhabituel: il faut accepter la maladie et vivre avec.

Conclusion

Quand la maladie survient, cela engendre inévitablement une situation difficile, des tensions, de la souffrance et chacun a sa façon de l’appréhender. L’important est de toujours considérer la personne atteinte pour ce qu’elle est malgré cette fragilité du corps. Il ne faut pas passer son temps soit à la plaindre, soit à l’encourager inexorablement à se battre. C’est une personne qui a ses faiblesses, comme tout le monde,

il est simplement plus difficile de s’y adapter. Mais la maladie ne définit pas la personne. Une personne malade reste elle‐même et il ne faut pas lui faire sentir le contraire car il faut absolument qu’elle garde son goût pour la vie.

 

Justin

FR IT DE EN